Le poids du trafic maritime dans notre économie

Le poids du trafic maritime dans notre économie

Le poids du trafic maritime dans notre économie

Le pays vit, ces temps-ci, une période de raréfaction de produits, jusqu’aux plus essentiels, accompagnée d’une tendance haussière et hors normes des prix sur le marché intérieur. Ce sont, dit-on, les répercussions de la guerre russo-ukrainienne et de la pandémie du Coronavirus. Mais à peine a-t-il essayé de se ressaisir du choc du Covid-19 qu’elle s’est vue confronter à un autre problème d’une ampleur différente, mais aux effets tout aussi déstabilisants pour l’économie : le fret maritime est soumis à un contexte international bouleversé. Les tensions sur la chaîne logistique étaient déjà perturbées avec la crise sanitaire, mais elles se sont amplifiées avec le conflit armé actuel.

D’aucuns le savent, notre économie reste largement tributaire des importations. Actuellement, le transport maritime mondial demeure fortement déstabilisé entre les navires refoulés, l’encombrement des ports ou encore la flambée du prix du carburant. De fait, la guerre en Ukraine trouble et ébranle le shipping mondial. Les fragilités des chaines d’approvisionnement ont été déjà révélées par la pandémie, avant cette guerre qui a un impact majeur sur le commerce mondial. Etant entendu que les deux belligérants, Russie et Ukraine, jouent un rôle majeur sur le marché mondial, leur conflit met en péril la reprise fragile du commerce mondial. Soulignons que près de 30 Etats, dont de nombreux pays en voie de développement, importent plus d’un tiers de leur besoin en blé de l’un ou des deux pays, et 16 d’entre eux en importent plus de la moitié. Ainsi, cette guerre a aggravé sérieusement l’insécurité alimentaire dans le monde. Les perturbations subies par la production et les filières d’approvisionnement et d’acheminement des denrées ont entrainé naturellement des répercussions sensibles sur la sécurité alimentaire.

Le secteur du transport maritime assiste, depuis le déclenchement des hostilités le 24 février 2022, à des interruptions de services, suppressions d’escales et fermetures de ports, perturbations de la chaine de distribution, baisse de la demande et hausse des taux d’affrètement, entre autres. Autant de perturbations d’ordre opérationnel et financier sur les marchés de la ligne régulière et du tramping. La crise ukrainienne a surtout renchéri les tarifs du fret maritime. Ce dernier vit ainsi une flambée sans précédent depuis des mois.

Le dérèglement du circuit mondial des grands armateurs mondiaux se répercute, en effet, et plus particulièrement sur les fragiles économies comme l’Union des Comores. L’approvisionnement du pays en denrées de première nécessité et de marchandises générales se fait au compte goute, surtout avec le retrait de son escale dans l’archipel d’un leader du fret maritime mondial comme Maersk.

Ces conséquences en cascades déstabilisent le marché intérieur du pays. Le quotidien du citoyen est rythmé par une succession de pénuries des produits de base. Nous venons de connaitre la plus longue pénurie de riz de notre histoire. Mais aussi la disponibilité des produits carnés, de la farine ou de l’huile n’est pas assurée dans les magasins et autres entrepôts des commerçants de la place.

En effet, la crise sanitaire suivie du conflit armé met en évidence une flambée des taux du fret maritime qui influe considérablement sur le coût des déménagements de sorte que les prix des conteneurs n’ont jamais été si élevés. Une flambée des prix des denrées et autres marchandises s’en est suivie, notamment dans le pays. Cette augmentation historique du prix du transport international maritime des marchandises pèse lourdement sur les coûts de production et les prix à la consommation.

L’heure a donc sonné pour tirer les leçons et affronter l’avenir avec sérénité. Nous devons être optimistes avec une volonté de profiter du fort potentiel de fabrication de biens de consommation afin de réduire la dépendance du pays de l’extérieur. Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour accompagner le secteur manufacturier et tout autre secteur productif qui n’ont besoin que d’une volonté politique, d’une gouvernance efficace et d’une collaboration proactive. Nos producteurs devront intégrer désormais dans leurs visions, outre l’amélioration de la productivité agricole locale, la transformation de certaines denrées comme les agrumes et autres oléagineux pour l’exportation et l’usage domestique et se constituer ainsi une plus-value.

Il est également temps et surtout primordial de penser à mieux organiser le circuit commercial inter-îles. Il va sans dire, en effet, qu’il est inconcevable aujourd’hui qu’un produit soit disponible à Moroni et introuvable à Mutsamudu ou Fomboni. Une vraie incongruité économique pendant que nous sommes dans un même pays. Le trafic au sein de nos territoires, aussi bien des marchandises que des personnes, doit s’intensifier et à des coûts accessibles. Le gouvernement a le devoir moral d’accompagner toutes les initiatives tendant à faciliter ce circuit. Les jalons sont déjà posés par le secteur public avec la mise en circulation du bateau Faliki Ndjema, dont l’armateur est le ministère des Transports. Des initiatives privées devront emboîter le pas et maitriser ainsi les lignes intérieures du trafic maritime.

L’urgence est de mise pour développer ces échanges commerciaux de proximité en soutien aux souhaits de profiter du fort potentiel du territoire à s’autosuffire.

Et fixer ainsi, le cap vers l’émergence à l’horizon 2030 !

Ahmed Ali Bazi
Ministre de l’Economie, de l’Industrie, des Investissements,
chargé de l’Intégration Économique